Dans le monde occidental, le leadership repose souvent sur les piliers de l'individualisme, de la maximisation des profits et d'une mentalité hiérarchique. Les modèles dominants suggèrent que le but du management est d'accumuler des richesses, tandis que ceux qui sont aux commandes exercent leur influence et œuvrent pour leur réussite personnelle ou celle des actionnaires. Mais la question demeure : cette approche sert-elle véritablement le bien-être collectif des organisations et de la société dans son ensemble ?
Ubuntu offre une contre-narration frappante à cette approche occidentale. Cette philosophie africaine met l'accent sur l'interdépendance, l'humanité commune et le bien commun comme fondements du leadership. « Je suis parce que nous sommes » résume un modèle de leadership qui privilégie la communauté et l'intérêt mutuel plutôt que l'intérêt personnel.
L'entreprise en tant que communauté
La philosophie Ubuntu redéfinit la façon dont nous devons considérer les organisations et le leadership. Ubuntu soutient que « l'entreprise doit être considérée comme une communauté, et non comme un simple regroupement d'individus ». Ce principe remet en question les normes occidentales qui considèrent les entreprises comme des entités uniquement motivées par les gains individuels ou les intérêts contradictoires des parties prenantes. Ubuntu offre un cadre qui aligne les objectifs commerciaux sur le bien-être collectif des collaborateurs, des clients et de la société.
Ce concept est plus qu'un simple changement de perspective ; il s'agit d'un appel à repenser la raison d'être fondamentale du leadership. L'objectif n'est plus de maximiser les profits, mais de promouvoir le bien-être de chaque membre de l'organisation. Contrairement aux théories managériales occidentales ancrées dans le contrat social ou les modèles de parties prenantes, Ubuntu ne se contente pas d'augmenter le nombre de parties autour de la table. Il transforme la table elle-même en une structure centrée sur la communauté.
Démanteler le mythe de la responsabilité individuelle
Les modèles occidentaux de leadership ont longtemps promu l'idée d'un « leader fort », capable de prendre des décisions rapides, souvent au détriment de la contribution collective. Cette approche normalise non seulement le contrôle descendant, mais crée également une dissonance entre le leader et la communauté qu'il est censé servir. En revanche, Ubuntu met l'accent sur la responsabilité partagée plutôt que sur la responsabilité isolée.
Ubuntu reconnaît que les meilleurs leaders sont ceux qui dirigent aux côtés de leurs équipes, plutôt que au-dessus d'elles. Cette philosophie souligne que le véritable leadership ne se définit pas par le pouvoir ou l'influence que l'on peut exercer, mais par la capacité à élever et à harmoniser le collectif.
Éthique et bien commun
Les modèles de leadership occidentaux privilégient souvent les gains financiers à court terme au détriment des considérations éthiques. Selon la vision du monde Ubuntu, le leadership est intrinsèquement lié à des vertus telles que l'empathie, le respect et la compassion. Dans Ubuntu, le bien commun n'est pas un idéal abstrait, mais un principe directeur qui dicte chaque action et chaque décision.
L'accent mis par l'Occident sur la maximisation des profits encourage un jeu à somme nulle où les gains peuvent justifier des moyens contraires à l'éthique. En revanche, Ubuntu remet en question ce raisonnement en plaçant l'éthique et le bien-être communautaire au cœur du leadership.
L'urgence pour le leadership occidental de s'adapter
Les limites des paradigmes occidentaux en matière de leadership sont devenues flagrantes face aux crises modernes : instabilité économique, inégalités sociales et dégradation de l'environnement. Adopter Ubuntu n'est pas seulement une alternative, c'est une nécessité si les dirigeants veulent dépasser les contraintes étroites des modèles individualistes et égoïstes.
Ubuntu met l'accent sur l'interdépendance et la croissance mutuelle. Il invite les dirigeants occidentaux à passer d'un état d'esprit axé sur le pouvoir et le contrôle à un état d'esprit axé sur l'empathie et l'unité. Dans ce cadre, le leadership ne consiste plus à se trouver au sommet d'une hiérarchie, mais à servir en tant que membre à part entière de la communauté.
Des dirigeants Ubuntu ?
Le modèle occidental de leadership, qui met l'accent sur l'individualisme et le profit, montre des signes d'usure. Ubuntu, qui met l'accent sur la communauté et l'interdépendance, offre une vision d'un leadership plus éthique et plus inclusif. Il invite les dirigeants occidentaux à passer de la réussite personnelle au bien-être collectif.
Le défi est clair : les dirigeants occidentaux continueront-ils à privilégier leurs propres gains au détriment du collectif ? Ou adopteront-ils les principes d'Ubuntu et redéfiniront-ils ce que signifie diriger dans un monde globalisé ? L'avenir du leadership dépend de ce choix.
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